Les gardiens de Dyhana (saga)

Cette nuit, il faisait froid.
Le vieux nain Amer allait à sa forge, comme tout les soirs. Il devait terminer à tout prix un portail qui lui avait été commandé.
Prenant maladroitement appui sur le mur de bois, il regarda la région.
Le village d'Olfamie était composé d'un ensemble hasardeux de bâtisses vouées à tenter de rassembler une communauté nano-humaine
et créer un semblant de civilisation.
Malheureusement, le froid recouvrait régulièrement les toits et les chemins, forçant tout le monde à se cloîtrer chez soi pour espérer passer un hiver un peu moins rude.
Heureusement pour Amer, le peu de temps qu'il passait dehors, c'était devant sa forge, pour fondre le métal, frapper dessus puis le refroidir afin de former divers outils ou armes, pour faciliter la vie de son entourage.
Il commença son ouvrage en pensant qu'il avait bien de la chance d'être ainsi réchauffé par cet acier rougeoyant.
Alors qu'il abattait ses coups de marteau avec une monotonie soporifique, en ignorant les lésions sur ses mains et les douleurs sur ses bras, quelque chose attira son attention.
Dans la nuit, au milieu de la pénombre, entre les ombres fantastiques et l'inconnu frémissant, il perçu deux lumières vertes.
Des yeux.
Et cette lumière avançait.

Le guerrier local -le seul-, avait annoncé que quelques entités magiques maléfiques rodaient.
C'était l'une d'entre elle, il n'y avait aucun doute.
Alors qu'un frissons sourd lui parcouru le corps, il eu un geste de recul et s'enfuit sans plus de cérémonie.
Il fonça chez lui, s'enfonçant par sa porte étroite et cherchant avec frénésie sa hache de bucheron. Il l'empoigna,
et s'élançant dehors, contenant ses spasmes de frayeur par une colère sourde, puis il croisa le regard foudroyant...
D'une petite fille.

Elle était debout, minuscule, aussi frêle qu'un brin d'herbe et aussi innocente qu'une fée, elle souriait et le regardait fixement avec
ses magnifiques yeux vert brillants, comme la lune dans une nuit sans étoile.
Devant une apparition aussi merveilleuse, Amer ne fit rien d'autre que brandir sa hache pour mettre de l'ordre dans ses pensée.
Alors que la petite fille tombait en arrière en prenant un air effrayé, il se rendit compte de son acte et jeta sa hache sur le coté.

Lui murmurant quelques mot doux, il s'approcha de la petite, et, après avoir lu un air rassuré sur son visage, il lui demanda d'où elle venait,
mais elle se contenta de sourire sans rien répondre.
Après plusieurs autres questions, il en déduisit que la jeune fille était soit muette, soit, et cette possibilité l'attrista, atteinte d'une maladie ou malédiction l'ayant tout simplement rendue attardée.

Pris de pitié par cette jeune fille perdue, il décida de l'héberger au moins cette nuit, ses parents la chercheraient sans doute demain.
Malgré toute ses tentatives de la distraire, elle restait dehors, à dévorer sa forge luisante du regard, comme si cette lumière était toute sa vie.
Il avait essayé de la forcer à rentrer, mais elle s'obstinait à sortir et même si il l'enfermait, elle semblait prise de folie et hurlait des syllabes sans sens pour revoir sa forge.

A son grand désespoir, le vieux nain du la laisser dormir à la chaleur de sa forge, sur le rythme de ses coups de marteaux, puisqu'il n'osait la laisser seule.



Le lendemain, il la retrouva debout, à aspirer toutes les flammes de la forge du regard, tandis qu'il se sentait honteux de s'être endormi au travail.

Lorsque le guerrier local passa, fort de ses exploits passé et de son armure de fer il lui demanda des renseignement sur la jeune fille, mais il apprit simplement qu'une caravane avait été retrouvée, détruite et entourée de cadavres, la nuit où il l'avait trouvé.

Il se rendit alors sur le lieux, la jeune fille avec lui, qui avait abandonné la forge pour fixer le soleil, sans dire un mot de plus.

Une fois rendu, il trouva quelques villageois, le magicien du village accompagné du soldat.
Tous étaient silencieux devant le spectacle macabre d'une caravane anéantie, le sang giclais, seul, restait, deux cadavres élancés, blancs comme la neige qui les entourait.

"Alors ?"-Demanda Amer, sans trouver d'autres choses à dire.

Le mage étant penché sur un cadavre, c'est le soldat qui répondit.

"On dirait qu'ils ont été tués par des bêtes. Rien n'a été pillé, tout à été saccagé."

Le mage caressa le visage d'un des défunt puis se précipita sur la jeune fille avec une démarche alarmé.
Alors qu'elle contemplait le visage encapuchonné du mage, il parcouru ses tempes et souleva une mèche de cheveux qui cachait son oreille droite.
Il se releva d'un air grave.

"C'est une elfe, c'est pour ça que les loups ne l'ont pas dévorés. Et là dedans, il y a les parents de cette jeune fille."

Il se racla la gorge, prenant un air sinistre qui attisa l'attention d'Amer.

"Mais ce n'est pas la plus mauvaise des nouvelles. Cette jeune fille a une cicatrise dans la nuque. Elle a reçu un choc en fuyant.
Je crains qu'elle n'ai perdue la mémoire et... Une partie de son esprit."

"Vous voulez dire que c'est une... Une... Attardée ?" S'écria le nain, s'étant déjà lié d'amitié avec la jeune fille.

"Je n'ai pas dit qu'elle l'était, j'ai dit qu'elle risquais de l'être. Si vous ne lui trouvez pas une famille adoptive, il faudra vous en charger vous même."

Le nain posa de nouveau son regard sur l'elfette, et sur ses yeux verts comme des pierres précieuses.

"Elle s'appellera... Malachite, comme ses yeux."

La jeune fille lança un grand sourire à la cantonade, emplissant son entourage de tristesse pour l'esprit balafré d'une demoiselle si jeune, si fraiche et si gentille.


Pauvre être en proie à un fardeau qu'elle ne méritait pas.

Sang, acier, magie.
Ce sont des mots que je connais. Je suis Thalos.
Thalos, l'invincible.
Thalos, l'inébranlable.
Thalos, l'indétrônable.
Thalos, l'inégalable.
Thalos.

Ils sont 40.

Je suis seul.

Et j'en sortirais vainqueur, bande de faibles. Vous ne comprenez pas la véritable puissance.
La véritable puissance, c'est moi !

Alors qu'ils tentent en vain d'atteindre mon client, je les balaye tous avec un mouvement de ma lance, trop facile.
Ils tombent tous, soulevant un nuage de poussière.
La deuxième ligne avance, ils ont l'air sûr d'eux, pauvres fous.

Quelques esquives, une contre attaque, ils chutent tous les un après les autre.
Que sa soit en plusieurs années ou en quelques secondes, je les détruirais tous.
Ils ont osé s'opposer à moi. Rien que cette idée est folle.

Ils n'ont rien pour s'opposer à moi, ils sont faible.

La véritable puissance, c'est moi !


J'ai touché ma paie, mais comme elle ne m'a pas suffit, j'ai menacé mon client, il a accepté, personne n'a de courage dans ce monde.

Je suis dans la ville de Paryta, elle est grande, elle rassemble des guerriers, mais à coté de moi, ils ne sont rien.
Mon casque à corne symbolise ma vertus.
Ma cape symbolise ma dextérité.
Ma lance symbolise ma puissance.

Pour mes ennemis, mon bras gauche symbolise tout le mal que je leur infligerais.
Je m'inscris, ce pays désertique laisse à désirer. Il fait chaud, tout le monde manque d'argent.
Je ne leur donnerais rien, ils n'avaient qu'à être plus fort. Si les forts se soucient des faibles, alors qui se souciera de soi même ?
Cette ville me répugne déjà, ils me font pitié, ils veulent me faire pitié pour que je paye leur repas.

Le combat commence. Enfin, mon adversaire me dégoute déjà. Il est frêle, il n'est venu ici que pour l'argent, il ne connaît pas la véritable puissance.

La véritable puissance, c'est moi !

Il frappe avec son cimeterre, de haut en bas, pauvre fou. Je bloque la lame avec ma lance, et d'un geste de la main gauche, j'enfonce ma lame dans son cœur.
Quel idiot, laisser une si grande ouverture.
Il ne mérite pas de vivre, je laisse ma lance dans son corps et lui brise le cou. Je dégage ma lance avec mon pied et crache sur le mort.
Sa famille pleure pour lui, je les ai débarrassé d'un être aussi faible, ils devraient pleurer de joie.

Je foudroie l'arbitre du regard : il me faut un adversaire plus fort.
Il lance le deuxième combat rapidement, je le laisserais donc vivre.

Cette fois, ils ont tenté de me vaincre avec un monstre.
Un ver des sable ? Ils me prennent pour un idiot.
La créature me saute dessus, je me faufile sous son corps répugnant et ouvre toute sa partie ventre de la pointe de ma lance. Aucun défi.

Cette arène est écœurante, je la déteste, elle n'a aucune valeur.

"Si tu ne m'offre pas de véritable adversaire, je me nourrirais de ton cœur."

L'organisateur paru effrayé, il avait raison.
Il demanda à ce qu'on me donne l'invaincu.
Invaincu ? Il allait voir sa première défaite.

Alors que les portes s'ouvraient, j'entendis un cri résonner.

"Les dieux te maudissent, Thalos !"

Je me retourne, quel idiot a osé profaner mon nom divin ?

"Tu n'est qu'un pleutre, un tyran ! Si tu est aussi doué, c'est parce que tes ennemis visent ton coeur, et que tu en est dépourvu !"

Je le regarde, un simple prêtre, plutôt jeune, à en juger par sa tenue, il est suivant de la Dynastie de Xyang Wie, un ordre oriental basé sur...
La pitié, le pardon et autres secondes chances de pacotille.
Malheureusement pour lui, il n'aura pas la seconde chance qu'il a prêché toute sa vie.

"Mon bras gauche est le mal que je vais t'infliger, alors regarde le bien, car c'est la dernière chose que tu verra !"

"Que le châtiment de Xyang Wie détruise cette douleur que tu inflige à autant de malheureux !"

Ma lance tremble sous le joug de ma colère, je la jette de toute ma force et elle transperce le pauvre idiot.

Maintenant, plus qu'à m'occuper de...

C'était une grotte, sombre et étouffante, visiblement taillée par des forces dépassants l'imagination de l'esprit le plus large.
Quelques meubles étaient éparpillés ça et là.
Au milieu, quelques documents écrits, éclairés par la lueur vacillante d'une bougie solitaire.
Ils présentaient quelques dessins concernant les étoiles, et chacuns, en leur centres, montraient un étoile filante, une flamme,
ou autre merveille astrale flamboyante.

La plus récente de toute était une note, éclairé par une alcole laissant voir le ciel étoilé.

L'écriture était saccadé, comme si l'auteur n'avait eu qu'une dizaine de seconde pour la griffoner.

Elle disait, de son encre noire comme la nuit :

"Enfin je l'ai trouvé.
Enfin je connais l'heure et le moment où la fille du Soleil descendra sur Terre.
Enfin, la lumière qu'elle doit nous apporter ne sera pas perdue.
Les étoiles me l'ont dit.
Le jour où l'étoile du forgeron, du guerrier, du mage et de la lumière seront aligné de manière à n'en être qu'une.
Alors, à ce moment là, il me faudra réunir ces quatres choses.

Le Forgeron, pour équipier le Guerrier.
Et le Mage, pour défendre la Lumière.
La Lumière attisera le feu du Forgeron.
Le Guerrier canalisera sa colère grace au Mage.
Le Mage donnera l'étincelle de savoir au Forgeron.
Et enfin, la Lumière éclairera le Guerrier.

C'est ce que les étoiles m'ont dit.
Si je laisse cette note ici, c'est que, si je n'arrive pas à canaliser la colère du Guerrier, personne ne sera là pour transmettre
ce savoir.
Le temps me manque, la fille du Soleil descendra ici, sur cette Terre dans quelques instants.
Moi, Varsken, le mage écarlate du royaume de Deanrof, contrée de demi elfe, me lance, le 25 d'Arygean, mois dédié à la reine des fée,
dans le pélerinage de la fille du Soleil.
Je m'engage à concentrer la colère du guerrier et à nourrir l'esprit du Forgeron, comme les étoiles me l'ordonnent.

Je conduirait la fille du Soleil jusqu'au Temple astrale quand son enveloppe corporelle commencera à s'effriter sous son héritage
cosmique.

Alors, toutes ses années de travail porterons leur fruit."

Au dehors, alors que la lune n'éclairait pas cette nuit bondée d'étoile, Varsken attend.
Il attend, assis sur une pierre, la venue de la Fille du Soleil.

Il l'attend, alors qu'à travers l'alcove, une grand boule de feu traverse le ciel, illuminant tout. Les bêtes, les arbres, les hommes.

Il l'attend, la fille du Soleil.